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flèche dorée. C’est là que le roi reçoit les ambassadeurs ; c’est là qu’on place le roi défunt dans une urne d’or, pendant près d’un an, avant qu’il soit brûlé ; là aussi viennent prêcher les talapoins ; la reine et les concubines entendent la prédication, cachées derrière les rideaux. À quelque distance de ce lieu consacré s’élève la grande salle où le roi donne ses audiences journalières, en présence de plus de cent mandarins prosternés la face contre terre ; aux portes sont des statues gigantesques de granit apportées, de Chine ; les murailles et les colonnes de la salle sont ornées de peintures et de dorures magnifiques ; le trône, qui a la forme d’un autel, est surmonté d’un dais à sept étages. Les appartements du roi sont attenants à la salle d’audience ; puis viennent le palais de la reine, les maisons des concubines et des dames d’honneur, avec un grand jardin qu’on dit magnifique. Il y a, en outre, de vastes bâtiments qui renferment les trésors du roi, à savoir : l’or, l’argent, les pierreries, les meubles et les étoffes précieuses.

« Dans cette vaste enceinte du palais, il y a un tribunal, un théâtre pour les comédies, la bibliothèque royale, d’immenses arsenaux, des écuries pour les chevaux de prix et des magasins de toute sorte de choses ; on y voit aussi une superbe pagode dont le pavé est recouvert de nattes d’argent, et dans laquelle sont deux idoles ou statues de Bouddha, l’une, en or massif, de quatre pieds de haut, l’autre, faite d’une seule émeraude, d’une coudée de hauteur, évaluée, par les Anglais deux cent mille piastres (plus d’un million).