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ses ordres à des mains plus habiles, plus fortes que les siennes, mais aussi souvent moins honnêtes.

Le pali, le sanscrit même, n’ont rien de caché pour lui ; il on a résolu toutes les difficultés, en a sondé toutes les profondeurs, et, dans son innocente vanité d’érudit, il aime à faire parade de son savoir philologique. Nos savants pourraient recourir avec avantage à sa bibliothèque et à ses connaissances. Il a appris seul et presque sans livres la langue anglaise, qu’il parle et écrit couramment. Comme un véritable orientaliste, il ne se résigne que difficilement à s’écarter des usages traditionnels du pays. Les coutumes siamoises ne permettent, en aucune circonstance, à un étranger de paraître en armes devant le roi de Siam, et on raconte encore, parmi les résidents européens de Siam, avec quelles difficultés sir John Bowring, et après lui, M. de Montigny, ministre de France, parvinrent à conserver leurs épées devant Sa Majesté siamoise, en dépit de l’étiquette de sa cour.

J’emprunte à l’évêque Pallegoix, qui a passé de longues années dans l’intimité, pour ainsi dire, de ce monarque, la description de sa demeure royale :

« Le palais est une enceinte de hautes murailles, qui a plusieurs kilomètres de tour. Tout l’intérieur de cette enceinte est pavée de belles dalles de marbre ou de granit ; il y a des postes militaires et des canons braqués de distance en distance ; on voit de tous côtés une multitude de petits édifices élégants, ornés de peintures et de dorures. Au milieu de la grande cour s’élève majestueusement le Mahaprasat à quatre façades, couvert on tuiles vernissées, décoré de sculptures magnifiques et surmonté d’une haute