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Le 18, halte à H......

Le 19, je suis atteint de la fièvre.

Le 29 : « Ayez pitié de moi, ô mon Dieu !… »

Cette exclamation suprême, tracée d’une main tremblante, est la dernière que le voyageur ait confiée au papier. De violentes douleurs céphalalgiques et une prostration toujours croissante semblent lui avoir fait tomber la plume des mains. Cependant l’intrépide naturaliste avait une telle confiance en ses forces, qu’il ne paraît pas avoir eu conscience de sa fin prochaine, à en juger du moins par la réponse invariable qu’il faisait à son fidèle Phraï, chaque fois que celui-ci lui demandait s’il n’avait rien à écrire à sa famille : « Stop ! stop ! Attends ! attends. As-tu peur ? » Le 7 novembre, le malade tomba dans un coma entrecoupé de délire. Le 10, à sept heures du soir, il n’était plus ! Vingt-quatre heures plus tard, et contrairement à l’usage du Laos, qui est de suspendre les cadavres au sommet des arbres et de les y abandonner, la dépouille mortelle de notre compatriote fut inhumée, selon le rite européen, par les soins de Phraï et de Dong, son compagnon, qui tous deux, trois mois plus tard, rapportaient à Bangkok, avec les détails qui précèdent, les collections, les effets et les papiers de leur maître.

Qu’ils soient bénis pour leur fidélité ! C’est le vœu de la veuve, du frère, de la famille entière de Henri Mouhot. Puisse-t-il être aussi celui de nos lecteurs !

En terminant ce récit dans le Tour du Monde, nous formulions encore un autre vœu : c’était que l’Angleterre, dont les musées ont reçu les collections