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Cela fait, il abandonna son arme dans le corps de l’animal et vint nous rejoindre. Nous nous tenions à une distance respectueuse, de manière à assister à la mort de la brute sans avoir à craindre pour nous-mêmes. Elle poussait des mugissements affreux et se roulait sur le dos, en proie à des convulsions épouvantables, tandis que nos hommes poussaient des cris de joie. Quelques instants après, nous pûmes nous en approcher ; elle vomissait des flots de sang. Je donnai une poignée de main au chef en le félicitant de son adresse et de son courage. Il me dit alors qu’à moi seul appartenait l’honneur d’achever l’animal, ce que je fis en lui perçant la gorge de ma longue baïonnette.

Le chasseur ayant retiré sa lance du corps du béhémoth, me la présenta en me priant de l’accepter comme souvenir. Je lui donnai, en retour, un magnifique poignard européen…


À la date du 5 septembre finit le journal de voyage de M. Mouhot. Jusqu’au 25 du mois d’octobre, il a toutefois continué de tenir fidèlement son registre météorologique ; mais les dernières notes inscrites sur son carnet de route se bornent aux suivantes :

Le 20 septembre, départ de B..... p.

Le 28, ordre du Sénat de Luang-Prabang envoyé à B...., enjoignant aux autorités de ne pas me laisser dépasser cette limite.

Le 15 octobre, départ pour revenir à Luang-Prabang.