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et enfants, me rappelait les types du nord de la Polynésie, tels qu’ils sont représentés dans les grandes publications des marins français de 1820 à 1840. Certes, s’il avait été donné à l’illustre Dumont d’Urville d’explorer les rives du Mékong, il aurait été fixé sur les origines des Carolins, des Tagales de Luçon et de ces Haraforas de Célèbes, qui lui ont apparu comme les ancêtres des Tongas et des Tahitiens.

On ne trouve dans leurs habitations ni chaises, ni tables, ni lits, pas même de vaisselle de terre ou de porcelaine ; à peu d’exceptions près, ils mangent leur riz gluant, façonné en boulettes, dans la main ou dans de petits paniers tressés avec du rotin, et dont quelques-uns sont artistement travaillés.

L’arbalète et la sarbacane sont leurs armes de chasse, ainsi qu’une espèce de lance en bambou, et quelquefois, mais plus rarement, le fusil, dont ils se servent avec beaucoup d’adresse.

Dans le hameau Na-Lê, où j’arrivai le 3 septembre, j’eus le plaisir de tuer une tigresse qui, avec son mâle, causait de grands ravages dans la contrée. Le lendemain, le chef des chasseurs de ce village organisa en mon honneur une chasse au rhinocéros, animal que je n’avais pas encore rencontré dans toutes mes courses à travers ces forêts. La manière dont les Laotiens font cette chasse est fort curieuse, fort intéressante, en raison de sa simplicité et de l’habileté qu’ils y déploient. Nous étions huit hommes, moi compris. J’étais armé d’un fusil, ainsi que mes domestiques ; j’avais placé au bout du mien ma longue baïonnette bien effilée ; les Laotiens ne portaient que de solides bambous servant de manches à une lame