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Que Dieu l’accompagne, ce pauvre enfant, et le préserve de tout accident et de toute maladie durant ce pénible voyage.

Les Laotiens sont paisibles, soumis, patients, sobres, confiants, crédules, superstitieux, fidèles, simples et naïfs. Ils ont naturellement le vol en horreur ; on raconte qu’un de leurs rois faisait frire les voleurs dans une chaudière d’huile bouillante ; mais depuis les ravages des dernières guerres, on commence à trouver parmi eux un certain nombre de voleurs poussés à la rapine par la misère ou par l’esprit de vengeance.

Outre la culture du riz et du maïs, les Laotiens s’adonnent à celle des patates, des courges, du piment rouge, des melons et autres légumes. À cet effet, ils choisissent un endroit fertile dans la forêt voisine, en abattent tous les arbres et y mettent le feu, ce qui donne à la terre une fécondité surprenante. Ils vendent aux Chinois de l’ivoire, des peaux de tigre et d’autres animaux sauvages ; ils troquent aussi de la poudre d’or, des minerais d’argent et de cuivre, la gomme-gutte, le cardamome, la laque, de la cire, des bois de teinture, du coton, de la soie, enfin tous les produits de leur sol contre de la grosse porcelaine, des verroteries et autres petits objets de l’industrie chinoise.

Les Laotiens ne sont pas faits pour la guerre ; soumis dès le principe aux rois voisins, jamais ils n’ont su secouer ce joug pesant, et s’ils ont tenté quelques révoltes, il n’ont pas tardé à rentrer dans le devoir, comme un esclave rebelle quand il voit son maître irrité s’armer d’une verge pour le punir.