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XXVIII

Luang-Prabang, — Notes de voyages à l’est et au nord de cette ville. — Derniers extraits du journal. — Mort du voyageur. — Son tombeau.

Le 5 août, après dix jours d’attente, j’ai été enfin présenté au roi de Luang-Prabang avec une pompe mirobolante. Tout le monde était sous les armes ; la salle du trône, sorte de hangar comme ceux qu’on élève dans nos villages les jours de fête, mais de plus grande dimension, était tendue de toutes les couleurs qu’on avait pu réunir. Sa Majesté, « le roi des Ruminants, » un triste sire et un sire bien triste, trônait à une extrémité de cette salle, mollement demi-couché sur un divan, ayant à sa droite quatre gardes accroupis tenant chacun un sabre ; derrière lui, une kyrielle de princes prosternés ; plus loin, les sénateurs tournant le dos au public, le nez dans la poussière, rangés sur deux files de chaque côté du parallélogramme ; puis en face de Sa Majesté, mon humble personne, tout habillée de blanc, tranquillement assise sur un tapis, ayant à sa droite des bassins,