mais, par contre, dans plusieurs localités on élève en quantité l’insecte qui produit la laque, et on cultive à cet effet l’arbuste dont les feuilles servent à sa nourriture.
C’est de l’extrémité nord de la principauté de Luang-Prabang, et d’un district tributaire de la Cochinchine comme de Siam, et peuplé par des Tonkinois plutôt que par des Laotiens, que vient toute la gomme benjoin qui est vendue à Bangkok.
Le 24 juin, j’arrivai à Paklaïe (lat. 19° 16’ 58"), qui est la première bourgade de cette principauté située sur le Mékong, que l’on rencontre en venant du sud. C’est un charmant village, très-riche, plus grand et plus beau que ceux que j’ai rencontrés jusqu’ici dans ce pays ; les maisons y sont élégantes et spacieuses, et tout y annonce une aisance et un bien-être que depuis j’ai remarqués dans toutes les localités où je me suis arrêté. Le Mékong y est beaucoup plus large que le Ménam à Bangkok, et c’est avec un bruit pareil à celui de la mer et l’impétuosité d’un torrent qu’il se fraye un chemin entre de hautes montages qui semblent avoir peine à le contenir dans son lit.
Les rapides se succèdent de distance en distance depuis Paklaïe jusqu’à Luang-Prabang, que l’on n’atteint qu’après dix à quinze jours d’une marche pénible.
La vue de ce beau fleuve fit sur moi le même effet que la rencontre d’un ami ; c’est que j’ai bu longtemps ses eaux ; c’est une vieille connaissance ; il m’a longtemps bercé et tourmenté. Aujourd’hui, il coule majestueux, à pleins bords, entre de hautes