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nir des éléphants ; enfin le vice-roi, qui par son absence m’occasionnait ce retard involontaire, revint, me reçut très-amicalement, me donna une excellente lettre pour les gouverneurs de ses provinces, deux éléphants pour moi et mes domestiques, deux autres pour mes bagages, et je me mis enfin en route pour Tchaïapoune. Avant de quitter Kôrat, le Chinois chez lequel je logeais me donna le conseil suivant :

« Achetez un tam-tam, et partout où vous vous arrêterez, faites-le résonner. Aussitôt on dira : « Voilà un officier du roi ! » Les voleurs s’éloigneront, et les autorités auront aussitôt de la considération pour vous. Si cela ne suffit pas, la chose indispensable, si vous voulez lever les obstacles que les chefs laotiens ne manqueront pas de mettre partout sur votre route, c’est un bon rotin ; le plus long sera le meilleur, et essayez-le sur le dos de tous les mandarins qui feront la moindre résistance ou n’obtempéreront pas de suite à vos ordres. Mettez votre délicatesse de côté ; le Laos n’est pas le pays des Francs ; suivez mon conseil, et vous verrez que vous vous en trouverez bien. »

Arrivé à Tchaïapoune, je fus cette fois beaucoup mieux reçu et je n’eus nullement besoin du tam-tam ni du rotin ; la vue des éléphants et l’ordre du vice-roi de Kôrat rendirent notre mandarin souple comme un gant ; il me donna d’autres éléphants pour aller visiter les ruines de Pan-Brang, à trois lieues au nord de cette ville, au pied d’une montagne. Les Laotiens superstitieux prétendent aussi qu’elles renferment de l’or, mais que tous ceux qui