Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/372

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la condition de fournir la première et la plus considérable levée d’hommes, en cas de guerre.

Le tribut consiste en or ou en sa valeur en argent, et monte annuellement, dans plusieurs districts, entre autres dans ceux de Tchaïapoune et de Poukiéau, à huit ticaux par individu. D’autres le payent en soie qui est pesée avec la balance des mandarins ; et ceux-ci, comme je le leur ai vu faire pour le cardamome à Poursat et pour les langoutis à Battambâng, surfont le poids et achètent pour leur propre compte, et aux prix qu’ils daignent fixer, la meilleure marchandise.

Les éléphants y sont nombreux ; on en tire un grand nombre de l’est, du Cambodge et de tout le Laos septentrional jusqu’à Muang-Lang. Il se tient à Kôrat un marché de ces animaux, dont la province entière doit compter plus d’un millier. Les bœufs et les buffles y étaient autrefois d’un bon marché excessif ; mais les épizooties qui depuis quelques années ont ravagé les troupeaux en ont fait doubler et tripler le prix. C’est des extrémités du Laos oriental et même des frontières du Tonkin qu’on les amène dans le sud.

J’ai visité à neuf milles de Kôrat, à l’est, un temple nommé Penom-Wat, très-remarquable, quoique bien moins grand et moins beau que ceux d’Ongkor. Le deuxième gouverneur me prêta un poney et un guide, et, après avoir traversé d’immenses rizières sous un soleil vertical et de feu, reflété par une terre jaunâtre, j’arrivai au lieu où ma curiosité m’attirait, et qui, tel qu’une oasis, se reconnaissait dans le lointain aux panaches aériens de ses cocotiers et à la fraîcheur de sa verdure. Ce ne fut pas cependant