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peut, et à l’amener devant le juge ; son voisin même ne lui prêterait pas main-forte.

Il s’agissait de me caser. Je m’adressai aux Chinois pour avoir un abri un peu plus grand que celui où Phraï s’était d’abord logé avec mes bagages. En peu de temps nous trouvâmes mon affaire.

À l’extrémité du quartier chinois, qui est le bazar, commence la ville proprement dite, renfermée dans une enceinte carrée d’un demi-mille de côté, formée de blocs de concrétions ferrugineuses et de grès tirés des montagnes éloignées, et que je reconnus au premier aspect pour être l’ouvrage des Khmerdôm.

Dans l’intérieur se trouvent la résidence du gouverneur, celle de toutes les autres autorités, quelques pagodes, un caravansérail ; en outre, un assez grand nombre d’autres habitations ne sont pas comprises dans l’enceinte. Un mince torrent de huit mètres de large, qui traverse la ville, est bordé de petites plantations d’aréquiers et de cocotiers.

La ville de Kôrat proprement dite ne doit pas contenir plus de cinq à six mille habitants, et dans ce nombre on compte six cents Chinois, en partie venus directement du Céleste Empire, en partie descendants de parents fixés antérieurement dans le pays. Tous rayonnent pour leur commerce de Kôrat à travers la province ou sur la route de Bangkok.

Autant je trouvai les Siamois venus du dehors impudents, autant je rencontrai d’affabilité et de cœur même dans les Chinois. C’était le contraste qui existe entre la civilisation et la barbarie, entre la masse de vices qu’enfante la paresse et les qualités que donne l’habitude du travail. Malheureusement, l’aisance