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Les cantons nord de la province de Saraburi sont presque déserts, tandis que la partie sud, assez bien cultivée, est très-riche en riz, qui, bien que de qualité un peu inférieure à celui de Petchaburi, est considéré comme un des meilleurs du pays. C’est un objet d’échanges continuels et de transactions permanentes avec Bangkok. Quant à la population, qui est répandue d’une manière très clair-semée sur les rives du fleuve, elle ne peut être que difficilement recensée, de même que celle de toutes les autres parties du pays.

Saohaïe est le point de départ des caravanes qui se rendent à Kôrat ; un autre chemin conduit de Bangkok à cette ancienne ville du Cambodge : c’est celui de Muang-Kabin ; mais il n’est guère fréquenté que par les Laotiens de cette localité.

Je viens d’être interrompu par la visite inattendue du gouverneur, qui, tout en passant pour aller faire une offrande de fruits confits aux bonzes de sa pagode, s’est arrêté près d’une heure dans ma cabine. Il était dans une de ces élégantes et immenses pirogues, de plus de trente mètres de long, portant à leur centre un charmant pavillon, et pour laquelle j’aurais donné tout son château fort avec ses dépendances. Le gouverneur fit appeler le propriétaire de la barque qui doit me conduire à Khao-Khoc, et lui donna quelques instructions pour le chef de cet endroit, en ajoutant : « Je n’ai pas fait de lettre, parce que je sais que M. Mouhot n’en a pas besoin, car il y a deux ans il a su se faire respecter ici ; il en sera de même là-bas. » Je ne pus me dispenser de lui offrir quelques petits présents pour ce léger service qui sans doute ne me sera d’aucune utilité, et je lui offris une paire de lu-