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sement, avec quelques chaumières de cultivateurs éparses çà et là, est tout ce que j’ai remarqué ; il n’y a ni bazar, ni boutiques flottantes ; de temps à autre, de petits marchands viennent en ce lieu vendre ou échanger du sel, des objets de première nécessité, et quelques Chinois trafiquants ont de petits dépôts de langoutis, d’arec, de toile et de vestes siamoises, qu’ils vont troquer contre des peaux, des cornes et du riz, dans le haut de la rivière qu’ils remontent parfois jusqu’à Petchaboune.

Le courant était si fort, qu’en un quart d’heure nous fûmes entraînés à la résidence du mandarin que je connaissais déjà pour l’avoir vu lors de mon premier voyage, et lui avoir fait un présent en retour duquel il m’avait promis que si j’allais à Kôrat et que j’eusse besoin même d’une centaine d’hommes, il me les donnerait. Je lui annonçai mon intention d’aller à Khao-Khoc, lieu choisi depuis deux ans par les rois de Siam pour y fonder une place forte où ils comptent se réfugier, si jamais les Européens, qui les fatiguent de leur bruyante activité, s’emparaient de leur capitale ; ce qui, disons-le tout bas, serait chose très-facile. Il ne faudrait pour cela qu’une poignée de nos chasseurs, zouaves ou turcos habitués au soleil d’Afrique.

Je fus d’autant mieux reçu du fonctionnaire siamois, que je n’avais à lui demander aucun service, ayant déjà engagé une barque qui retourne avec son propriétaire à Khao-Khoc sous peu de jours. J’avais eu l’intention de me rendre à Patawi ; mais en cette saison les chemins qui y mènent sont tellement impraticables, que je dus abandonner cette idée. Un