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un frein à son dévouement enthousiaste ; enfin quand il entendit que souvent nous serions obligés de coucher à la belle étoile au milieu des forêts, il détourna la conversation.

Dès qu’on eut déjeuné, je fis reprendre les rames pour échapper aux caresses trop démonstratives et aux éloges bruyants dont le généreux Khun-Pakdy continuait à me gratifier.

En ce moment, cette charmante petite chaîne qui s’étend depuis Nophabury ici, et doit se rattacher vers le nord à celles de la Birmanie et vers l’est aux monts Deng qui coupent et longent la péninsule, m’apparait à une distance de quinze milles au plus, et réveille en moi une foule de souvenirs agréables. Décidément, je crois la bonne saison établie : l’air est pur, le ciel serein, et le soleil brille tous les jours presque constamment.

Saohaïe, 22 octobre. — Je n’ai pas encore atteint Pakpriau, et je commence déjà à rencontrer et à souffrir de ces petites contrariétés inévitables dans un pays comme celui-ci, inondé une partie de l’année, et où les moyens de communication manquent surtout pour qui traîne une certaine quantité de bagages avec soi. Depuis deux jours je suis ici, logé dans la barque d’un Chinois qui tout d’abord a craint de me donner asile dans sa cabane, et je puis me considérer heureux d’avoir au moins un gîte quelconque ; je pourrais bien n’en pas avoir du tout. Hier, je suis allé rendre visite au gouverneur, qui réside dans une vieille masure d’une saleté repoussante, à deux milles au-dessous du lieu où j’ai débarqué. De tout le chef-lieu de la province de Saraburi, cet établis-