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talapoins s’ouvrent à quiconque se présente au conseil d’admission d’une pagode, vêtu de blanc et suivi d’un cortège suffisant de parents, d’amis, de musiciens, et muni d’honnêtes offrandes. Le postulant n’a qu’à déclarer devant l’assistance qu’il n’a jamais été attaqué de la lèpre ou de la folie, que nul magicien ne lui a jeté de sort, qu’il n’a pas contracté de dettes et qu’il possède le consentement de ses parents, vingt ans accomplis, le langouti jaune, la ceinture jaune, le manteau jaune, l’écharpe jaune et la marmite de fer battu. Ses négations et ses affirmations ouïes du conseil, on lui fait lecture de la règle de l’ordre, et, ipso facto, voilà le récipiendaire élevé de l’humble condition de laïque à l’état parfait de phra, dans lequel il doit se maintenir au moins durant trois mois. Ce temps écoulé, il est libre de rentrer dans le monde, de reprendre l’habit séculier et de se marier : il a payé sa dette à ses ascendants.

Même parmi ceux qui se consacrent entièrement à la vie monastique, il en est très-peu qui s’astreignent à passer chaque année dans leur couvent respectif au-delà de trois ou quatre mois de la saison des pluies ; tout le reste du temps ils l’emploient à vagabonder d’un bout à l’autre du royaume, plus occupés des soins terrestres que des affaires du ciel, en dépit des prescriptions les plus formelles de leur règle.

Comme c’est à de pareilles mains que l’éducation de la jeunesse masculine est livrée par la loi siamoise, on ne devra pas s’émerveiller non plus qu’il faille sept ou huit ans d’études monacales pour