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loin de la terre natale, l’amitié délicate et attentive d’un compatriote fait de bien au cœur.

J’emporte également de doux et agréables souvenirs d’un autre excellent ami, le docteur Campbell, de la marine royale, attaché au consulat britannique. Je dois également citer avec des sentiments de gratitude : sir R. Schomburg, consul anglais, qui m’a témoigné beaucoup d’intérêt et de sympathie ; — Mgr  Pallegoix et son provicaire ; — les missionnaires protestants américains et la plupart des consuls et résidents étrangers, principalement M. de Istria, notre nouveau consul, et enfin le mandarin, chargé spécialement de l’administration et des intérêts de la population chrétienne de Bangkok. Ce magistrat a dans les veines du sang portugais de la bonne époque, et il le révèle par ses traits et par son caractère.

Les rives du Ménam sont couvertes à perte de vue de superbes moissons ; l’inondation périodique les rend d’une fertilité comparable à celles du Nil, si fameux pourtant dès l’antiquité. J’ai quatre rameurs laotiens ; l’un d’eux, il y a deux ans, a déjà été à mon service pendant un mois, et il m’a prié avec instance de le garder durant mon voyage à travers son pays, prétendant qu’il me serait fort utile. Un homme de plus comme domestique (jusqu’alors je n’en avais eu que deux) me convenait beaucoup, et, après quelque hésitation, je finis par l’engager. Mon bon et fidèle Phraï ne m’a pas quitté, heureusement pour moi, car j’aurais de la peine à le remplacer, et puis j’aime ce garçon qui est actif, intelligent, laborieux et dévoué. Son compagnon Deng, ou « le rouge »,