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dans une ou deux autres occasions que le roi, les princes et les grands mandarins déploient ainsi leurs richesses et leur importance. Le roi se rendait à une pagode où il allait offrir des présents, précédé, escorté et suivi de toute la cour. Chacun des mandarins était dans une de ces splendides pirogues dont les rameurs étaient couverts d’étoffes aux couleurs brillantes. Beaucoup d’embarcations étaient chargées de soldats en habits rouges ; celle du roi se distinguait surtout parmi toutes les autres par un trône surmonté d’une petite tour se terminant en flèche, et par la masse de dorures et de sculptures dont elle était chargée. Le roi, qui avait à ses pieds quelques jeunes princes, ses enfants, saluait de la main les Européens qui se trouvait sur son passage.

Tous les navires à l’ancre étaient pavoisés, et chaque maison flottante avait à son entrée un petit autel couvert de différents objets où fumaient des bâtons odoriférants.

Au milieu de toutes ces belles pirogues, celle du Khrôme Luang, le frère du roi, homme très-intelligent, affable, bon et serviable envers les Européens, en un mot prince et gentleman accompli, se faisait surtout remarquer par la simplicité et le bon goût de ses ornements et la livrée de ses rameurs : vestes de toile blanche avec collets et poignets rouges. Toutes les autres livrées étaient généralement d’un rouge cramoisi.

La plupart de ces dignitaires, chargés d’embonpoint, sont mollement appuyés sur des coussins brodés et triangulaires au milieu de leurs magnifiques embarcations, sous une espèce de dais élevé et élégant.