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et sa situation sur la hauteur est des mieux choisies. Une magnifique chaussée y conduit depuis le fleuve, et le sentier sinueux qui mène à l’édifice ; a été parfaitement ménagé au milieu des roches volcaniques : basaltes, scories qui couvrent toute la surface de cet ancien cratère.

Du sud au nord s’étend, à vingt-cinq milles seulement, une chaîne de montagnes nommée Deng, habitée par les tribus indépendantes des primitifs Karens, et dominée par des pics plus élevés encore. Aux pieds de ces montagnes se déroule la plaine avec ses forêts, ses nombreux palmiers, ses beaux champs de riz ; puis viennent des monts détachés, aux formes pittoresques, aux tons riches et variés, quoique sombres. Enfin, à l’est et au sud, et au-delà d’une autre plaine, s’étend le golfe, dont la teinte vaporeuse se confond avec celle de l’horizon, et que croisent quelques navires à peine perceptibles.

C’est un de ces paysages qu’on ne peut oublier, et le roi a fait preuve de goût en y faisant construire un palais. Rien n’est moins poétique que l’imagination des Indo-Chinois ; leur cœur ne se ressent nullement des rayons brûlants de leur soleil ; cependant cette sublime nature ne les trouve pas tout à fait insensibles, puisqu’ils profitent des sites les mieux doués, et des plus belles perspectives, pour y élever des châteaux et des pagodes.

En quittant le sommet de ce mont, nous descendîmes dans les profondeurs d’un antre à trois milles de distance, et qui est également un volcan éteint ou un cratère de soulèvement. Ici se trouvent quatre ou cinq grottes, dont deux surtout sont d’une lar-