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son voisinage, et qui ont attiré une foule de Laotiens, de Chinois et de Siamois. Les mines de Battambâng, moins riches, sont aussi moins fréquentées que celles-ci. Après une étude rapide de leur gisement, je me dirigeai sur Paknam, où je louai un bateau qui pût me conduire à Bangkok.

Le premier jour de notre navigation fut pénible ; les eaux du fleuve s’étaient retirées et avaient laissé des bancs de sable à découvert. Le deuxième jour, nous pûmes laisser les gaffes pour prendre les avirons, et tout alla bien jusqu’au moment où nous arrivâmes à un coude, qui, subitement, prend sa direction vers le sud pour aller se jeter dans le golfe, un peu au-dessus de Pétrin, district qui produit à peu près tout le sucre de Siam qui est vendu à Bangkok. À ce coude débouche un canal reliant le Ménam et le Bang-Chang, qui alors prend le nom de Bang-Pakong ; il a été creusé, et fort habilement, sur un parcours de près de soixante milles, par un général siamois, le même qui reprit, il y a une vingtaine d’années, Battambâng aux Cochinchinois, et qui fit aussi construire une très-belle chaussée de terre depuis Paknam jusqu’à Ongkor-Borége, à l’endroit où cessent les grandes inondations ; je regrette de n’avoir pu profiter de cette belle voie pour mon voyage de retour ; mais, dans cette saison, je n’y aurais trouvé ni eau ni herbe pour nos attelages.

Sur les bords du Bang-Pakong, on rencontre plusieurs villages cambodgiens peuplés d’anciens captifs révoltés de Battambâng, puis le long du canal, sur les deux rives, une population, nombreuse pour ce pays, de Malais de la péninsule et de Lao-