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leurs compatriotes de la caravane ; ils déjeunèrent ensemble, et deux grandes heures s’écoulèrent avant que, prenant la tête de cette ligne de chariots, nous puissions nous remettre en route.

C’est presque un désert que l’immense plaine qui se déroule de ce point vers l’est et le nord. On ne peut la traverser en moins de six jours avec des éléphants, et en moins de douze dans la meilleure, saison, avec des chariots.

Enfin, le 28 mars nous arrivâmes près de Muang-Kabine ; mais, hélas ! que de souffrances et d’ennuis ! que de chaleur, de moustiques ! et, en revanche, combien peu d’eau potable, dans ce trajet ; sans compter les bris de roues, d’essieux, et autres accidents quotidiens arrivés à nos chariots ! les pieds en marmelade, à la fin du voyage, je pouvais à peine me traîner et suivre le pas lent, mais régulier des buffles.

Quelques jours avant d’arriver à notre destination nous traversâmes un petit fleuve à gué, le Bang-Chang, large comme un ruisseau, mais roulant un peu d’eau potable ; jusque-là, nous n’avions eu à boire que de l’eau des mares vaseuses, infectes, servant de baignoires et d’abreuvoirs aux buffles des caravanes. Pour la boire ou la faire servir aux besoins de notre cuisine et de notre thé, je la purifiais avec un peu d’alun, dont je recommande l’usage préférablement au filtre, qui retient les corps étrangers, mais qui ne purifie rien.

À notre arrivée à Muang-Kabine, il régnait une grande excitation dans cette ville à cause des riches mines d’or qui ont été découvertes depuis peu dans