Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/289

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur donner des remèdes pour prévenir ou guérir le mal de tête. Ils prirent donc leur repas du soir tous ensemble, en l’arrosant de quelques verres d’arack que je leur donnai, puis nous nous remîmes définitivement en route par un magnifique clair de lune, mais en piétinant dans un profond lit de poussière qui s’élevait en épais nuages autour de nos bœufs et de nos chariots.

Nous campâmes une partie de la nuit près d’une mare et d’un poste de douaniers, pauvres malheureux qui ont pour mission, pendant les quatre jours qu’ils sont de garde, d’arrêter les voleurs de buffles et d’éléphants qui viennent continuellement du lac et des provinces voisines exercer leur industrie aux alentours de Battambâng. Je ne sais si les douaniers apportent à réprimer ces bandits l’activité que je leur vis déployer pour attraper des tourterelles au piège.

Ayant cheminé pendant trois jours dans la direction du nord, nous arrivâmes à Ongkor-Borége, chef-lieu d’un district du même nom, et là, surpris par un violent orage et l’obscurité, nous dûmes camper à une petite distance des premières habitations. Ceux d’entre nous qui avaient des nattes les étendirent sur la terre pour y passer la nuit ; ceux qui n’en avaient pas arrachèrent un peu d’herbe et des feuilles aux arbres pour « faire leurs lits ».

Le lendemain, comme nous sortions de ce village, nous rencontrâmes une caravane de ving-trois chariots qui se disposait à conduire du riz à Muang-Kabine, où nous nous rendions nous-mêmes. Aussitôt mes Cambodgiens coururent fraterniser avec