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assez petite distance au nord de Ongkor, sont habitées par des Khmer-Dôm, gens très-doux et inoffensifs, quoique considérés un peu comme des sauvages par leurs frères de la plaine.

Leur nom de tribu est Somrais ; leur langue est celle des Cambodgiens de la plaine, mais prononcé un peu différemment. Tout autour d’eux s’étendent les provinces ci-devant cambodgiennes, aujourd’hui siamoises, de Sourène, de Samrou-Kao, de Cou-Khan, d’Ongkor-Eith ou de Korat, dans lesquelles s’est maintenue jusqu’à ce jour cette croyance que le roi ne pourrait traverser le grand lac sans être sûr de mourir dans l’année.

Le souverain actuel s’étant rendu à Ongkor, lorsqu’il n’était encore que prince héréditaire, voulut voir les Somrais et les fit venir de la montagne : « Voilà mes vrais sujets et les gens d’où ma famille est sortie, » dit-il en les voyant. Il parait qu’effectivement la dynastie actuelle du Cambodge viendrait de là, mais qu’elle n’est plus celle des anciens rois.

Selon les Cambodgiens modernes, voilà de quelle manière le bouddhisme leur serait venu :

Samonakodom, sorti de Ceylan, alla au Thibet, où on l’accueillit fort bien ; de là il se rendit chez les sauvages ; mais ceux-ci ne voulant pas le recevoir, il passa au Cambodge, où on lui fit un très-bon accueil.

Une chose digne de remarque, c’est que le nom de Rome est connu de presque tous les Cambodgiens; ils le prononcent Rouma et le placent à l’extrémité occidentale de la terre.

Il existe au sein de la tribu des Giraïes deux grands