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tendent communiquer sous terre jusqu’à la mer ; ils affirment que, lorsque les vagues sont hautes, la pierre remue ; leurs connaissances géologiques ne sont pas assez avancées pour qu’ils puissent expliquer ce fait. À trois jours de distance de Ongkor, on voit, suivant les récits des indigènes, les ruines de trois autres cités à côté d’un vaste sanctuaire, et de tous les côtés il existe des vestiges d’édifices qui prouvent que cette contrée, aujourd’hui déserte, a été autrefois très-peuplée et très-florissante. Il y a peu de nations qui présentent un contraste aussi étonnant que le Cambodge, entre la grandeur de leur passé, arrivée au point le plus culminant, et l’abjection de leur barbarie actuelle. On n’en rencontrerait aujourd’hui aucune autre aussi complètement privée de souvenirs, de traditions, de documents quelconques sur son histoire. À part les récits fabuleux des historiens chinois et quelques légendes plus probablement composées par les prêtres qui dominent les esprits de ce peuple superstitieux, que transmises de génération en génération, le monde ne possède aucune relation sur ce pays autrefois si puissant, aujourd’hui si dégradé.

Le roi actuel du Cambodge a prétendu avoir trouvé des documents assez positifs pour pouvoir établir l’histoire d’Ongkor jusqu’à une époque qui précède l’ère chrétienne ; il y a quelques années, en interdisant la monnaie sphérique pour la remplacer par une monnaie plate, il saisit l’occasion de perpétuer le souvenir d’Ongkor-Wat et de sa grandeur, en faisant représenter une vue de l’édifice sur la monnaie. Le souverain régnant de Siam, qui a été