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à la statue dite du roi lépreux, dont la tête, type admirable de noblesse, de régularité, aux traits fins, doux et au port altier, a dû être l’œuvre du plus habile des sculpteurs d’une époque qui en comptait un grand nombre doués d’un rare talent. Une moustache fine recouvre la lèvre supérieure, et une longue chevelure bouclée retombe sur les épaules ; mais tout le corps est nu et n’est recouvert d’aucun ornement.

Un pied et une main ont été brisés.

Le type de cette statue est essentiellement celui des Arians de l’Inde antique ; cette circonstance, jointe au caractère d’une portion du moins des bas-reliefs des temples et des palais d’Ongkor, et qui semblent inspirés de la mythologie et des combats chantés dans le Ramayâna, nous reporte à la plus haute civilisation de l’Inde, à l’époque qui a précédé la scission de ses croyances et les luttes de dix siècles entre le brahmanisme et le bouddhisme. Toujours est-il que la tradition locale confond l’original de cette statue avec le fondateur d’Ongkor.

Cette ville garde encore, dans son voisinage, de la supériorité de ses premiers architectes sur tous ceux de l’Indo-Chine moderne, un témoignage non moins irrécusable que ses temples et que ses palais. C’est un pont de très-ancienne date, en assez bon état de conservation, sauf le parapet et une partie du tablier qui ne représentent plus aux yeux qu’un amas de ruines en désordre. Les piles, les arches et les voûtes qui les forment, construites dans le même système que les toits en voûte des temples, restent encore debout. Les piles sont formées de