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suivie sans doute de longs malheurs ! Que de choses n’eût-elle pas révélées qui resteront toujours ensevelies dans l’oubli !

Ce monument, ainsi qu’on peut le voir par le plan général, qui en donnera une idée plus claire que la description technique la plus détaillée, se compose de deux carrés de galeries concentriques et traversées à angle droit par des avenues aboutissant à un pavillon central, couronnement de l’édifice, saint des saints, pour lequel l’architecte religieux semble avoir réservé les détails les plus exquis de son ornementation. Dans ce tabernacle, une statue de Bouddha, présent du roi actuel de Siam, trône encore, desservie par de pauvres talapoins dispersés dans la forêt voisine, et attire de loin en loin à ses pieds quelques fidèles pèlerins. Mais que sont ces dévotions comparées aux solennités d’autrefois, alors que les princes et rois de l’extrême Orient venaient en personne rendre hommage à la divinité tutélaire d’un puissant empire ; que des milliers de prêtres couvraient de leurs processions les gradins et les terrasses de ce temple immense ; que du haut de ses vingt-quatre coupoles le son des cloches répondait au carillon des innombrables pagodes de la capitale voisine ; de cette Ongkor la Grande, dont l’enceinte de quarante kilomètres de pourtour a pu, certes, contenir autant d’habitants que les plus peuplées métropoles de l’Occident ancien ou moderne !