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peut-être incomparables, seuls vestiges d’un peuple qui n’est plus et dont le nom même, comme celui des grands hommes, artistes, et souverains qui l’ont illustré, restera probablement toujours enfoui sous la poussière et les décombres.

J’ai déjà dit qu’une chaussée traversant un large fossé revêtu d’un mur de soutènement très-épais conduit à la colonnade, qui n’est qu’une entrée, mais une entrée digne du grand temple. De près, la beauté, le fini et la grandeur des détails l’emportent de beaucoup encore sur l’effet gracieux du tableau vu de loin et sur celui de ses lignes imposantes.

Au lieu d’une déception, à mesure que l’on approche, on éprouve une admiration et un plaisir plus profonds. Ce sont tout d’abord de belles et hautes colonnes carrées, tout d’une seule pièce ; des portiques, des chapiteaux, des toits arrondis en coupoles ; le tout construit en gros blocs admirablement polis, taillés et sculptés.

À la vue de ce temple, l’esprit se sent écrasé, l’imagination surpassée ; on regarde, on admire, et, saisi de respect, on reste silencieux ; car où trouver des paroles pour louer une œuvre architecturale qui n’a peut-être pas, qui n’a peut-être jamais eu son équivalent sur le globe.

L’or, les couleurs ont presque totalement disparu de l’édifice, il est vrai ; il n’y reste que des pierres ; mais que ces pierres parlent éloquemment ! Comme elles proclament haut le génie, la force et la patience, le talent, la richesse et la puissance des « Kmer-dôm » ou Cambodgiens d’autrefois !

Qui nous dira le nom de ce Michel-Ange de