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Tout le monument a tellement été maltraité par le temps, que sa vue fait naître la pensée d’un ennemi jaloux qui se serait acharné à le dégrader et à le démolir. Une végétation excessivement touffue, repaire d’animaux redoutables, a tout envahi, et l’on peut à peine se figurer que la main de l’homme seule ait pu causer un bouleversement pareil à celui que l’on y remarque, et qu’un tremblement de terre n’y ait pas aussi contribué.

Des galeries ont disparu sous le sol ; on en voit des soubassements fragmentés et des dessus de portes à plus de deux mètres au-dessus du niveau du terrain actuel et de celui des parties du monument qui sont restées debout.

Le seul édifice dont la base soit encore plus ou moins intacte est un bâtiment de vingt-cinq mètres de long sur six de large, séparé en deux par un mur intérieur et dont les extrémités sont en forme de tour.

Il est tout en grès taillé ; l’extérieur offre des traces de belles sculptures sur des frontons de portes et des corniches d’un travail qui devait égaler ceux des plus antiques monuments d’Ongkor ; à l’intérieur, les murs sont nus ; mais il n’est guère de pierre qui ne porte la marque des coups d’un pic ou d’un marteau.

Les fenêtres étaient ornées de barreaux tournés dont il ne reste plus qu’un tronçon ou deux.

Les sujets représentés sur le dessus des portes des autres tours et des bâtiments écroulés sont d’abord un personnage à longue barbe, assis, portant une haute coiffure conique et les mains reposant