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XVII

Traversée du lac Touli-Sap. — La rivière, la ville et la province de Battambàng. — Population et ruines. — Voyage aux ruines d’Ongkor. — Leur description.

Il me fallut trois grandes journées de navigation pour traverser, dans son grand diamètre, la petite Méditerranée du Cambodge, vaste réservoir d’eau douce, et on pourrait dire de vie animale, tant les poissons abondent en son sein, tant les palmipèdes de toutes couleurs pullulent à sa surface.

À l’extrémité nord du lac, des milliers de pélicans cinglent en troupes serrées dans toutes les directions, tantôt rentrant, tantôt allongeant leur cou pour saisir quelque proie ; des nuées de cormorans fendent l’air à quelques pieds au-dessus de l’eau : la teinte de leur sombre manteau tranche avec la couleur claire des pélicans, parmi lesquels ils se confondent, et surtout avec l’éclatante blancheur des aigrettes qui, groupées sur les branches des arbres de la rive, ressemblent à d’énormes boules de neige.

En entrant dans la rivière de Kun-Borèye, formée