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La domination européenne, l’abolition de l’esclavage, des lois protectrices et sages, et des administrateurs fidèles, expérimentés et d’une honnêteté scrupuleuse, seraient seuls capables de régénérer cet État, si voisin de la Cochinchine, où la France cherche à s’établir et où elle s’établira sans aucun doute ; alors il deviendrait certainement un grenier d’abondance, aussi fertile que la basse Cochinchine.

Le tabac, le poivre, le gingembre, la canne à sucre, le café, le coton et la soie y réussissent admirablement ; je note particulièrement le coton, cette matière première qui constitue les trois quarts de celle employée dans la confection des étoffes, non-seulement en France, ou même en Europe, mais je pourrais dire sur toute la surface du globe ! Aujourd’hui que, par suite d’un jugement de Dieu, l’Amérique se trouve plongée dans une guerre civile dont nul ne saurait prévoir les conséquences et le terme, il est évident que de longtemps on ne pourra compter sur ce pays pour la production de cette matière première ? Donc le coton peut nous faire défaut, sinon entièrement, du moins en partie, et le pain manquer à des millions d’ouvriers qui ne vivent que de cette industrie. Quel beau et vaste champ s’ouvrirait ici à l’activité, au travail, au capital !

L’Angleterre, cette nation colonisatrice par excellence, aurait bien vite fait de la basse Cochinchine et de ce pays une vaste plantation de coton ; il n’est pas douteux, si elle s’en occupe, qu’avant peu d’années elle aura le monopole de cette précieuse substance, comme l’Amérique l’a maintenant, avec ses