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tels que bœufs, porcs, poules, canards, etc., se retrouvent chez les Stiêngs, mais en petit nombre. Les éléphants dressés y sont rares, tandis que plus au nord, dans la tribu des Benams, il n’y a pas de village, dit-on, qui n’en possède un certain nombre.

Les fêtes commencent après la moisson et lorsque le riz a été entassé au milieu du champ en meules oblongues d’où tous les matins on extrait ce qu’il faut pour la consommation du jour.

Un village en invite un autre, et, selon sa richesse, tue souvent jusqu’à dix bœufs. Tout doit disparaître avant la séparation ; jour et nuit on boit et on mange au son du tam-tam chinois, du tambourin et du chant. L’excès après de longues privations amène des maladies : les plus communes parmi eux sont le gale et certaines affections cutanées et honteuses ; plusieurs proviennent du manque de sel, car ils ne peuvent toujours s’en procurer.

Pour tous les maux internes, tels que maux d’estomac, d’entrailles, etc., le remède général est, comme au Cambodge, un fer rougi au feu que l’on applique sur le siège du mal. Il est peu d’hommes qui ne portent ainsi un grand nombre de cicatrices sur cette partie du corps.

Ces sauvages connaissent divers remèdes tirés des simples ; ils ne recouvrent jamais une plaie ou une blessure ; ils s’exposent au soleil avec des ulcères profonds qu’ils guérissent cependant généralement. Ils paraissent exempts de la lèpre, si commune parmi les Chinois ; du reste, ils ont beaucoup de propreté ; ils se baignent par tous les temps, et souvent trois fois par jour.