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« En voici à peu près le contenu, lui dis-je :

« C’est l’ordre du roi à tous les chais de village où je m’arrêterai, de me fournir des chariots pour continuer mon voyage, et je vais à Brelum :

— Nous n’avons pas de chariots, » fut toute sa réponse.

Bref, nous nous installâmes aussi bien que nous pûmes en attendant le lendemain. Un nouvel entretien avec ce chef me fit voir que je n’aurais pas d’aide de lui. Je pris le parti d’envoyer Niou, avec deux Cambodgiens, porter à Brelum une lettre à M. Guilloux, et d’attendre sa réponse. Celle-ci arriva le soir du quatrième jour ; le père Guilloux m’assurait, dans les termes de la plus franche cordialité, que je serais le bienvenu, qu’il s’intéressait à moi et m’aimait déjà sans me connaître, seulement parce que j’avais eu le courage de venir jusque-là. Ce bon père m’envoyait trois des chariots de la Mission et quelques-uns de ses Annamites, ainsi que deux Stiêngs pour m’aider à gagner sa station. Sa lettre me rassura complètement sur la crainte que je ressentais d’être peut-être un hôte importun et malencontreux pour le pauvre ermite que je venais surprendre ainsi.

Je partis donc avec confiance et plaisir. Nous avions deux grandes journées de marche pour arriver à Brelum ; nous campâmes une nuit près d’un torrent, sur nos nattes, autour d’un bon feu, pour éloigner les hôtes féroces qui abondent dans ces forêts, et la seconde dans une cabane abandonnée à quelques milles de Brelum ; enfin le 16 août, à neuf heures du matin, nous débouchâmes dans une clairière de deux cent cinquante à trois cents mètres car-