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les Anglais dans la vallée de l’Irrawadi ; ils l’ont explorée en conquérants, et en ont réduit la moitié méridionale en provinces anglaises. Toutes les grandes sectes chrétiennes ont eu et ont encore des missionnaires dans l’Indo-Chine, et plusieurs même possèdent des temples à Siam. Le meilleur livre[1] qu’on ait écrit sur ce dernier pays est l’œuvre d’un évêque catholique. Les pages les plus intéressantes et les plus douloureuses des Annales de la Propagation de la foi sont consacrées à la Cochinchine et au Tonquin. De courageux missionnaires se sont établis depuis une douzaine d’années dans les marches sauvages de l’Annam et du Cambodge ; ils ont navigué sur le grand fleuve Mékong, l’artère de la grande vallée orientale de l’Indo-Ghine, et ont signalé à la géographie le vaste lac Touli-Sap et les ruines antiques qui dorment sur ces bords.

L’honneur de relier l’ensemble de ces découvertes, de décrire, et de dessiner ces ruines, de traverser la chaîne qui sépare les deux bassins du Ménam et du Mékong, et de remonter ce dernier fleuve jusqu’aux frontières de la Chine, était réservé à un de nos compatriotes, M. Mouhot, choisi pour cette mission par les sociétés scientifiques de Londres.

Il a payé cet honneur de sa vie, mais un honneur plus grand était réservé à sa mémoire. Récemment une commission française, chargée par le gouverneur de Saïgon de remonter le fleuve Mékong et d’en relever topographiquement le cours, a croisé, à plusieurs reprises, les traces de Henri Mouhot, et dans le

  1. Description du royaume Thay ou Siam, par Mgr Pallegoix. Paris, 1854.