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avec cette cordialité et cet empressement affectueux qu’il est si doux de rencontrer à l’étranger, et surtout de la part de compatriotes. M. Fontaine, le plus âgé des trois, quoique jeune encore, compte près de vingt années de mission. Il faisait autrefois partie de la mission de Cochinchine. Je l’avais vu à Bangkok, où il avait séjourné temporairement avant d’aller au Cambodge ; il était faible et souffrant alors ; je le retrouvai avec plaisir plus vigoureux et plein de gaieté. J’éprouvais beaucoup de sympathie pour ce digne homme ; il ne peut y avoir assez de missionnaires comme lui.

Un de ses collègues, M. Arnoux, était non-seulement mon compatriote comme Français, mais comme enfant du même département : il est né dans le canton de Russey et moi dans celui de Montbéliard (Doubs). Il avait donc double titre à ma sympathie. Il appartient à la mission de Cochinchine, et était venu de chez les sauvages Stiêngs pour renouveler ses provisions ; mais il s’était trouvé atteint de la dyssenterie par suite de la fatigue du voyage, et n’avait pu retourner à son poste avec ses gens. En entendant ces braves et dévoués soldats de l’Église raconter leur misère passée et présente, j’étais quelquefois autant amusé qu’ému, tant ils le faisaient gaiement. C’est le propre des enfants de notre vaillante nation de savoir souffrir et mourir le sourire sur les lèvres. Quatre jours s’écoulèrent promptement dans l’aimable compagnie de ces bons prêtres, qui ne tenaient pas moins à me procurer l’occasion de voir leur évêque que moi à faire sa connaissance. Je savais que je trouverais en lui un homme supérieur sous