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en pierre, qui donnent certainement une meilleure et plus haute idée de l’administration du Cambodge que de celle de Siam, car à Bangkok même les ruisseaux et les canaux sont franchis sur des planches étroites et minces, ou simplement sur des troncs d’arbres jetés en travers par les soins des habitants et non par les autorités elles-mêmes.

À deux kilomètres à peu près d’Udong s’élève une espèce de rempart en terre, de la forme d’un fer à cheval, qui entoure une partie de la ville, et que l’on a eu pour but d’opposer, au besoin, à l’invasion des Annamites, qu’à cette époque on s’attendait encore chaque année à voir paraître au moment des grandes eaux.

Nous rencontrons sur la route une quantité de piétons allant à la ville ou en revenant, sans doute pour l’approvisionnement du marché. Elle est bordée de misérables cabanes en bambous, sur pilotis, semblables à des poulaillers et qui servent de demeures aux malheureux Thiâmes que le roi fit transporter là, il y a un an, des plaines situées à l’est du Mékong, pour les punir d’une tentative de révolte.

Nous arrivons de bonne heure le même jour à Pinhalù, village situé sur la rive droite du fleuve et assez considérable. Plusieurs de ses habitants descendent de Portugais et d’Annamites réfugiés.

La cité de Pinhalù est la résidence d’un évêque français, Mgr  Miche, vicaire apostolique de la mission du Cambodge et du Laos.

Mgr  Miche était absent pour le moment ; mais je trouvai chez lui trois bons et aimables missionnaires qui me prièrent d’attendre son retour et me reçurent