Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

employant ce mot pour désigner son palais avec ses dépendances et les fortifications.

— Sire, elle est splendide et offre un aspect que je n’avais vu nulle part ailleurs.

— Tous ces palais et ces pagodes que vous voyez d’ici dans cette cour ont été construits en une seule aimée, depuis mon retour de Siam ; dans une autre année, tout sera achevé, et il n’y aura plus alors que des briques. Jadis, le Cambodge s’étendait très-loin ; mais les Annamites nous ont enlevé beaucoup de provinces.

— Sire, le moment est peut-être arrivé pour vous de les reprendre. Les Français attaquent vos ennemis d’un côté ; attaquez-les de l’autre. »

Sa majesté ne répondit pas ; mais elle me tendit un cigare en me demandant mon âge.

Je venais de me faire apporter une jolie petite carabine Minié que les officiers du roi étaient venus examiner dans la matinée ; je la lui présentai en le priant de bien vouloir l’accepter si elle lui plaisait. Il me dit de la charger. Je levai la bascule et poussât une cartouche dans le canon. « C’est fait, Sire.

— Comment donc ? ce n’est pas possible ; tirez alors. »

Il choisit lui-même pour but un poteau assez éloigné et m’indiqua l’endroit où je devais frapper ; je tirai, et aussitôt Sa Majesté et ses pages coururent s’assurer que le coup avait porté juste.

« Quand pensez-vous quitter Udong ?

— Sire, mon désir est de partir après-demain pour Pinhalu et les provinces d’au delà.