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étais-je rentré que plusieurs de ses officiers accoururent chez moi en me disant : « Le roi est enchanté de vous ; il désire vous voir souvent. »

Le jour suivant, je parcourus la ville, dont les maisons sont construites en bambous et quelques-unes en planches ; le marché, tenu par des Chinois, est, par sa saleté, l’égal de tous les autres dont j’ai déjà parlé. La plus longue rue, je pourrais dire l’unique, a près d’un mille de longueur. Dans les environs habitent les cultivateurs et les gens de corvée, ainsi que les mandarins et autres employés du gouvernement. La population de cette ville est d’une douzaine de mille âmes à peu près.

Le grand nombre de Cambodgiens de la banlieue, des provinces, et surtout des chefs qui s’y rendent pour le commerce ou pour d’autres affaires, contribue à donner de l’animation à cette capitale. À chaque instant je rencontrais des mandarins en litière ou en filet, suivis d’une foule d’esclaves portant chacun quelque chose : les uns le parasol de couleur écarlate ou jaune, dont la dimension plus ou moins développée indique le rang ou la qualité du personnage ; d’autres la boîte d’arec, de bétel, etc. Je rencontrais souvent aussi des cavaliers montés sur de jolis petits chevaux vifs et légers, richement caparaçonnés, couverts de grelots et allant admirablement l’amble, tandis qu’un troupeau d’esclaves, couverts de sueur et de poussière, s’efforçaient de les suivre comme une meute d’animaux. Ailleurs passaient de légères carrioles traînées chacune par deux petits bœufs trottant rapidement et non moins bruyamment. Quelques rares éléphants, s’avançant majes-