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affûts, jetés au hasard sur le sol, et dans la gueule desquels nichaient les moineaux. Plus loin, une nuée de vautours dévoraient les restes du repas du roi et des gens du palais. Je fus conduit dans la salle d’audience, qui communique avec les appartements particuliers du roi ; elle est pavée de larges carreaux chinois, et les murs sont blanchis à la chaux. Une foule de pages, tous Siamois, beaux jeunes hommes de vingt-cinq à trente ans, vêtus uniformément d’un langouti de soie rouge, se tenaient groupés et assis à l’orientale en attendant Sa Majesté. Quelques minutes après mon arrivée, le roi parut. Aussitôt tous les fronts se courbèrent jusqu’à terre. Je me levai, et Sa Majesté s’avança fort gracieusement près de moi, d’un air tout à la fois dégagé, distingué et digue.

« Sire, lui dis-je, j’ai eu l’honneur de voir S. M. le premier roi à Kampôt et d’en obtenir une lettre pour me rendre à Udong.

— Êtes-vous Anglais ou Français ? dit le prince en m’examinant attentivement.

— Je suis Français, Sire.

— Vous n’êtes pas marchand ; que venez-vous donc faire au Cambodge ?

— J’y suis venu pour visiter votre pays et chasser.

— C’est très-bien. Vous avez été à Siam ; moi aussi, j’ai été à Bangkok. Vous viendrez me voir encore ?

— Toutes les fois que ma présence pourra être agréable à Votre Majesté. »

Après quelques instants de conversation, le roi me tendit la main ; je le saluai et sortis. À peine