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d’une grande place autour de laquelle se prolongent les remparts, fermés de deux portes dont l’une donne accès sur le marché ; la seconde conduit à la campagne. Dans l’intérieur de cette enceinte, d’un côté se trouve le palais du second roi, de l’autre celui d’un plus jeune prince, son frère, et une pagode avec son couvent, le tout recouvert en chaume.

J’espérais trouver là, comme à Kampôt, un « hôtel du roi et des ambassadeurs » ; mais, ne voyant aucune enseigne, je me dirigeai vers un endroit où je voyais entrer et sortir beaucoup de monde. C’était la salle de justice, où les juges tenaient audience. J’envoyai Niou, mon domestique, en « députation », demander a ces magistrats s’ils voudraient bien donner asile à un voyageur. La réponse ne se fit pas attendre ; juges et plaideurs vinrent au-devant de moi et me conduisirent dans la salle de justice, où je commençai immédiatement mon installation sous les yeux de toute la foule accourue pour voir l’étranger et lui demander « ce qu’il vendait. »

La nouvelle de mon arrivée parvint bien vite au palais du roi, et deux pages me furent envoyés pour me demander si je n’irais pas de suite voir Sa Majesté. Mon bagage n’était pas encore arrivé ; j’objectai que je ne pouvais me rendre auprès du roi en costume de voyage. « Oh ! cela ne fait rien ; le roi n’a pas de costume du tout, et il sera enchanté de vous voir. » À peine mes chariots étaient-ils arrivés, qu’un chambellan en langouti, suivi d’un page, accourut pour me dire que le roi m’attendait. Je me rendis donc au palais. La cour qui le précède était défendue par une douzaine de canons veufs de leurs