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la rade ; mais le gros temps l’avait retenu depuis onze heures dans une espèce de salle qu’on lui avait élevée sur des pilotis dans un endroit peu profond. Au moment où nous dépassions la douane, nous aperçûmes le cortège royal qui se dirigeait vers une grande jonque que Sa Majesté faisait construire afin de pouvoir aussi se livrer au commerce, et avoir quelque chose de mieux à envoyer à Singapour que les mauvais bateaux qui, jusque-là, avaient composé toute sa marine.

La rivière qui conduit à la ville a près de cent cinquante mètres de largeur ; mais son cours est très-borné ; elle prend naissance dans les montagnes voisines. Le principal avantage qu’elle offre, c’est de pouvoir amener à la mer les magnifiques bois de construction qui abondent dans les forêts de ses deux rives, et dont les Chinois ne peuvent se passer pour la mâture de leurs jonques.

Il y a continuellement de six à sept navires en charge dans la rade, de sorte que l’on voit souvent des bateaux chinois ou européens monter et descendre le fleuve. Quoique Kampôt soit actuellement l’unique port de Cambodge, il est loin d’avoir le même mouvement que le port de Bangkok, car la ville compte au plus trois cents maisons et une population à peu près égale à celle de Chantaboun ; en outre, tout son petit commerce est alimenté par la basse Cochinchine, dont les ports ont été jusqu’à ces derniers temps presque constamment fermés aux Européens, de sorte que les navires ne trouvent guère a charger que du riz qui leur est amené par des bateaux, et presque comme contrebande, de la basse Cochinchine par Itatienne, le Cancao des