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ou des roches massives, ont été pénétrés de leur substance.

Le 26, nous fîmes voile pour la première des îles Ko-Man, car il y en a trois qui portent ce nom et qui sont rapprochées les unes des autres. La plus grande n’est éloignée de la côte que d’une dizaine de milles. Quelques aigles pêcheurs, une espèce de pigeons blancs et des coucous noirs sont à peu près les seuls habitants ailés que j’y rencontrai ; mais les iguanes y sont très-nombreuses, et lorsque le soir elles sortent de leurs retraites, le bruit qu’elles font en marchant pesamment sur les feuilles sèches et les branches mortes, pourrait facilement être attribué à des animaux plus grands et plus redoutables.

Vers le soir, la marée ayant baissé, nous laissâmes échouer notre barque dans la vase ; j’avais déjà remarqué pendant le jour que la boue, semblable à celle des tourbières, était imprégnée de matières volcaniques ; mais pendant toute la nuit il s’en échappa une si forte odeur sulfureuse, que je me crus sur un volcan sous-marin. Le 28, nous passâmes à la seconde île des Patates, qui est plus élevée et plus pittoresque que la précédente ; les rochers qui la bordent sont d’un effet grandiose. Le coup d’œil dont on jouit en traversant les deux îles par un beau soleil et à marée basse est surtout magnifique. Les îles des Patates doivent leur nom aux nombreux tubercules sauvages qui s’y trouvent.

Je passai plusieurs jours au cap Liaut, tantôt sur la côte, tantôt dans les nombreuses îles qui en sont très-rapprochées ; c’est la plus belle partie du golfe