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Jamais je n’aurais pensé que quelqu’un puisse admettre se trouver dans un tel état d’impuissance, mais cet homme m’a sans doute dit la vérité.

Ce type d’aveu est certainement une des plus graves objections contre le mariage, comme contre toute autre condition produisant de semblables résultats. En choisissant sa position économique dans la société, on devrait toujours veiller à ce qu’elle vous permette de continuer à vivre sans aucun handicap — de façon à rester une personne entière, ayant toutes ses capacités pour produire et se protéger elle-même, un individu centré sur lui-même.

L’hypocrisie sexuelle des femmes

En ce qui concerne l’appétit sexuel, en dehors de la reproduction, les avocats du mariage prétendent, et avec de bonnes raisons, qu’il procure une satisfaction normale à un appétit normal. Selon eux, il constitue un garde-fou physique et moral contre les excès et leurs conséquences, les maladies. Nous avons sans cesse la preuve douloureuse que le mariage n’est pas très efficace sur ce plan-là. Quant à ce qu’il pourrait accomplir, il est presque impossible de le savoir ; car l’ascétisme religieux a tellement implanté le sentiment de la honte dans l’esprit humain, à propos du sexe, que notre première réaction, lorsqu’on en discute, semble de mentir.

C’est particulièrement le cas avec les femmes. La majorité d’entre elles souhaitent donner l’impression qu’elles sont dépourvues de désir sexuel et pensent se décerner le plus beau compliment lorsqu’elles déclarent : «Personnellement, je suis très froide ; je n’ai jamais éprouvé une telle attraction.» Parfois elles disent la vérité mais, le plus souvent, il s’agit d’un mensonge — issu des enseignements pernicieux diffusés par l’Église pendant des siècles. Une femme normalement constituée comprendra qu’elle ne se rend pas hommage lorsqu’elle se refuse le droit d’exister complètement, pour elle-même ou par elle-même ; il est certain que, lorsqu’une telle déficience se manifeste vraiment, d’autres qualités peuvent se développer, ayant peut-être une plus grande valeur. En général, cependant, quels que soient les mensonges des femmes, une telle déficience n’existe pas. Habituellement, les êtres jeunes et sains des deux sexes désirent avoir des relations sexuelles. Le mariage est-il donc la meilleure réponse à ce besoin humain ?

Les effets catastrophiques de la cohabitation

Supposons qu’ils se marient, disons à vingt ans, ou quelques années plus tard, ce qui est généralement le cas puisque l’appétit sexuel est le plus actif à cet âge ; les deux partenaires (et pour le moment je mets de côté la question des enfants) se trouveront trop (et trop fréquemment) en contact. Rapidement ils ne savoureront plus la présence de l’autre.