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Il se mit à clamer ces mots, d’une voix traînante et caverneuse :

— Bonnes gens charitables, voyez le miracle de saint Hubert. Y a pas de pu grand saint. Achetez les médailles bénites dans la chapelle des Ardennes. Y a pas de miracle que saint Hubert n’ait fait. Bonnes gens charitables, ne m’oubliez pas.

C’était le montreur de saint Hubert.

La boîte de sapin s’ouvrit à deux battants.

Derrière la vitre claire qui la fermait, on voyait une forêt de petits arbres en carton colorié, découpant leurs feuillages minuscules. Une clairière s’ouvrait, où des brins de laine verte représentaient les pointes fines du gazon. Le cerf miraculeux apparaissait, portant une croix d’or auréolée de rayons. Le saint, tombé en adoration, s’agenouillait, joignait ses mains pour la prière, tandis que son arc et ses flèches jonchaient le sol derrière lui, et que sa meute, frappée d’une terreur sacrée, reculait aussi, frémissante.

La petite Anna battit des mains.

Alors la vieille grand’mère prit l’enfant par la main, la conduisit devant la boîte vitrée ; elle lui fit toucher les torsades des chapelets, et toutes deux s’agenouillant dans la poussière, dirent une prière fervente au grand saint, qu’on adore dans la forêt.

Marthe se joignit à elle, dans une pensée superstitieuse. Le saint ne ferait-il pas un miracle en sa faveur ? Elle lui demandait de veiller sur Pierre, de le préserver des intempéries du ciel, et des maladies que l’on prend sur les eaux. Et dans un élan de son âme, elle précipitait sa prière balbutiante, son acte d’adora-