Page:Moselly - Terres lorraines, 1907.djvu/28

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mencée ! Mystère bizarre et compliqué qu’on accomplit avec une sorte de gravité recueillie.

Une voix s’éleva, une voix comiquement déguisée, la personne qui parlait de l’autre côté de la vitre, dans la nuit, s’efforçant de ne pas être reconnue.

— Voulez-vous dailler ?

Toute la chambrée répondit : Oui.

— Mariez-nous ?

— Avec grand Charles.

— On dirait un échalas !

— Avec le fils de la Goton.

— Il est trop bête !

Ce fut une revue amusante, une critique pittoresque des mots familiers, des travers et des attitudes de chacun. Encore un usage où l’esprit satirique et la malignité propres au caractère lorrain trouvent leur compte. Rien ne saurait rendre la drôlerie de certaines reparties, la vivacité gaillarde et joliment troussée de certains portraits, esquissés au hasard d’un dialogue rapide, aiguisés de pointes perfides et d’insinuations qui vont loin. Et le mystère ajoute aux moindres propos une saveur, un intérêt extraordinaires.

Toute la vie du village qui passe dans la nuit, les scandales, les événements de chaque jour.

Les jeunes filles surtout courent à ce divertissement ! Combien ont senti, quand on leur jetait un nom, se révéler un amour qu’elles ignoraient, qui avait germé et pris racine au plus profond de leur cœur !

Combien de cœurs ont battu contre les vitres froides, par les nuits blanches de gelée et fourmillantes d’étoiles ! Pauvres murs lorrains, lézardés de crevasses béantes, battus de pluie, comme vous savez de ces