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trahison qu’il prévoyait prochaine. Puis il trouva une raison pour s’excuser : après tout, ces frasques étaient permises aux garçons de son âge et il serait bien sot de ne pas profiter de l’aubaine. Ses idées prirent un autre tour et, comme c’était un simple qui n’avait pas l’habitude de se regarder vivre, bientôt après il n’y pensa plus.

Juillet était venu, étouffant.

C’étaient des journées éclatantes, toutes pareilles dans la splendeur monotone de la lumière, au point qu’on pouvait croire que cette saison magnifique ne prendrait jamais fin. À midi, tout flamboyait dans l’immense accablement du soleil : chaque brin d’herbe, chaque tige des chaumes moissonnés, chaque silex du chemin jetait une étincelle.

La terre avait soif.

Elle se fendait par places, entr’ouvrant, au creux des sillons, de larges crevasses dans l’argile desséchée. Les sources, étaient taries, et des pierres moussues indiquaient leur emplacement, parmi les herbes flétries.

Les deux pêcheurs peinaient sur les eaux éclatantes, les yeux brûlés par l’ardente réverbération de la lumière. Autour d’eux, sur la nappe incendiée, qui avait la teinte du plomb fondu, des images du soleil semblaient se tordre, s’étirer, se déformer curieusement dans les houles alanguies. Vers midi, ils allaient chercher un peu de fraîcheur à l’ombre des oseraies, ou bien ils se couchaient pour dormir un instant, au creux des sillons de terre meuble, blottis comme des