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Alors, tirant péniblement de sa pauvre cervelle usée des bribes de consolation, des idées rudimentaires, entremêlant tout cela de lambeaux informes de souvenirs et de conseils, tirés de sa propre expérience, elle entreprit de lui remettre le cœur, en lui disant de douces paroles :

— Faut pas se faire de chagrin… Faut être raisonnable ; on n’est pas pour si longtemps sur cette terre.

Elle parla longtemps, dévidant l’écheveau interminable des aphorismes sentencieux, des réflexions banales et profondes, qui traînent dans la conversation des campagnards, où se résume leur dure expérience de la vie.

Marthe l’écoutait d’une oreille distraite. Pourtant cela lui faisait du bien, à la longue. Sa douleur s’assoupissait, comme endormie par une incantation mystérieuse.