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Alors ils se serraient tout près l’un de l’autre, dans un besoin de s’étreindre, vaguement remués, le cœur gonflé de désirs. Tous deux avaient la même pensée, qu’ils n’osaient pas se confier : c’était bien long, tous ces préparatifs, et on aurait dû abréger le temps de leurs fiançailles. Leurs corps se cherchaient confusément. Ils étaient heureux et tristes, troublés aussi par moments par les souffles ardents qui se levaient des prés.

Les deux fiancés eurent encore une journée de joie. Jeanne, la fille du fermier, allait épouser le grand Théophile, de Sexey-aux-Forges. On avait décidé brusquement ce mariage, après que les parents avaient beaucoup hésité, pesant les fortunes réciproques. On avait mis en balance les prés de l’un et les vignes de l’autre, et comme chacun croyait faire un marché avantageux, tout le monde était content.

On invita les deux jeunes gens et on ne les sépara pas, quand on répartit les gens de la noce par couples.

Durant les derniers jours, Marthe ne quittait guère son amie, se sentant gagnée par l’émotion et la fièvre des derniers préparatifs. Le moment était si proche elle revêtirait, elle aussi, le voile blanc des épousées ! Elles travaillaient tout le jour, préparant les robes, essayant des corsages, envahies soudain de joies enfantines, à l’idée de revêtir ces toilettes de cérémonie. Leur énervement, loin de tomber, ne faisait que croître de jour en jour, par une sorte de contagion qui les gagnait.

La pensée des fiancés disparaissait un peu dans toutes ces discussions, dans cette fièvre du travail, dans