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pliers, qui fermait l’Île aux Charmes. Le vieux, tout blanc, avait une grande figure triste. On le rencontrait souvent dans cette partie de la rivière. Ayant affermé le lot, il y tendait des nasses et des verveux pour prendre le poisson que sa femme allait porter, tous les vendredis, au marché de la ville.

Il leur demanda :

— Avez-vous fait bonne pêche ?

— Non, répondit Pierre. C’est toujours la même histoire. Y a pas d’ablettes dans ces mortes.

— Si, y en a, fit l’autre d’un air entendu. Mais c’est la saleté de l’eau qui les nourrit ; alors elles n’ont pas faim, quand on leur jette du pain de chènevis.

— Quoi de nouveau à Pierre-sous-Treiche ? fit le vieux Dominique.

— Pas grand’chose…

L’adjoint était tombé de l’échelle en montant à son grenier. Encore un peu, et il se cassait les reins, et le fermier Grandjean allait marier sa fille.

— Ah ! fit Dominique en secouant la tête d’un air d’approbation, comme si tous ces événements étaient chose d’importance.

Jean-Baptiste reprit :

— À ce qu’y paraît, ça va être bientôt votre tour à faire la noce.

— On en parle, dit Pierre en riant, à demi tourné vers Marthe.

Puis Jean-Baptiste s’avisa qu’il devrait bien profiter de leur barque pour relever un cordeau, tendu depuis le matin dans la morte. Sa nacelle était attachée tout au fond de l’étang, à une vieille aulnaie qu’ils connaissaient bien, trop loin pour qu’il allât la chercher,