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avec des cris haineux, prenant la défense de Marthe. Une d’elle lança un caillou : Pierre et la Renaude durent prendre la fuite, poursuivis par les huées.

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Marthe respirait avec peine, les mains cramponnées aux bras du fauteuil…

Un calme singulier descendait dans la rue.

La procession devait rentrer à l’église. Les couveuses, effarées un instant par le passage du cortège, traînaient de nouveau leurs ribambelles de poussins et, grattant le fumier, poussaient de temps à autre un gloussement vif, comme un appel. Toute cette vie, retombant à sa placidité habituelle, torturait le cœur de la pauvre fille.

Des femmes, au dernier moment, avaient coupé dans leur jardin des brassées d’angélique, et les avaient jetées sur le passage de la procession. Sous la coulée ardente du soleil, ces jonchées exhalaient une odeur pénétrante.

Décidément Pierre tournait mal.

Jamais il n’avait été un de ces garçons qui restent dans les jupes de leur mère, tranquilles, rangés, économes, qu’on cite partout en exemple, et dont les filles se moquent en dessous, se poussant du coude à leur passage.

Toujours il avait eu la réputation d’un mauvais sujet et d’un noceur, poussé par ce besoin de faire le beau parleur autour des tables d’auberge, d’étonner la galerie par ses façons conquérantes. Jamais il n’était