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Le garde Jacques Thiriet ne décolérait pas, ce jour-là.

Comme il arrivait dans les fonds de Bois-sous-Roche, par une fin de journée chaude, il avait vu une douzaine de jeunes baliveaux, coupés par un maraudeur. Sûrement le vol avait été commis dans la matinée : la sève ruisselait des entailles toutes fraîches ; le gaillard s’était servi d’une serpe bien affilée, car il avait tranché les jeunes pousses d’un seul coup.

Passe encore, quand un vigneron des villages voisins venait couper des branches d’alisier, pour faire des bretelles de hotte, ou bien une pousse de noisetier pour une gaule, l’ouverture de la pêche approchant. Pour si peu, la forêt n’était pas endommagée et il fallait bien se mettre à la place des gens. Mais ce sauvage, qui coupait de jeunes arbres…

Au lieu de rentrer tranquillement chez soi, il fallait se mettre en quête du délinquant, s’informer avant de dresser un rapport, et cela mettait le garde de mauvaise humeur.

Justement, il y avait là, à deux pas, une coupe de bois où des charbonniers de Sexey-aux-Forges travaillaient, depuis plusieurs semaines. Peut-être avaient-ils vu passer le chenapan, avec sa charge de pousses feuillues sur l’épaule.

Le garde obliqua, prit la sente herbeuse et se dirigea vers l’endroit.

La forêt était abattue sur un large espace, formant, au milieu des masses de verdure, une clairière où