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Seul avec mes pensées, les membres tordus par les crampes, frémissant, fiévreux, inquiet, angoissé, je restai immobile dans le silence absolu. Des murailles, du sol, du plafond, la même lumière d’un rouge violet persistait, une lumière implacable. Il me semblait voir, par moments, des nuages de sang passer devant mes yeux. Et Silmée... Silmée, que devenait-elle ?...

La porte de mon cachot — porte invisible — ne devait se rouvrir, je le savais, que lorsque je serais mort, lorsque Rair, rassasié de vengeance, daignerait me laisser périr.

Peu à peu mes angoisses, mes tourments se calmèrent, c’est-à-dire devinrent moins violents... Je compris que je m’affaiblissais.

Pourtant, je n’avais encore ressenti aucun sentiment de faim : Rair, je le comprenais, avait donné des ordres pour que l’on continuât à me faire parvenir le même nombre d’effluves osmotiques qu’à l’ordinaire. Il voulait prolonger mon supplice. Mais mes tortures morales faisaient leur œuvre : lentement, je descendais vers la mort.

Je somnolais, à demi inconscient, lorsqu’un claquement sec me fit sursauter.

J’ouvris les yeux ; je crus rêver. La porte de mon cachot, arrachée de ses gonds, semblait prête à s’écrouler sur moi, et, par l’entrebâil-